L’opération « Jeunes Pousses » n’a jamais aussi bien portée son nom ! En ce matin voilé de fin février, 32 élèves de CM1 et CM2 de l’école Jeanne d’Arc de Rozoy-sur-Serre ont chaussé leurs bottes pour replanter une haie de « jeunes pousses » en bordure d’une exploitation du Gaec de la Petite Prée à Archon.
Après la visite de la ferme et des dépendances du-dit Gaec, puis la découverte du métier de paysan en décembre dernier, cette nouvelle démarche s’inscrit dans la continuité… Celle de la sensibilisation du monde de l’entreprise, baptisée « Jeunes Pousses », menée par la Maison des entreprises de Thiérache et de la Serre (METS), le conseil régional et où la Communauté de communes des Portes de la Thiérache (CCPT) joue un rôle non négligeable.
En 25 ans de métier, Jean-Luc Villain qui accueille sur ses terres les scolaires de l’école Jeanne d’Arc a déjà replanté près de 10 km de haies, véritable identité du bocage thiérachien, qui malheureusement parfois à des relents de chefs-d’œuvre en péril. Ce matin, avant l’arrivée des enfants, le propriétaire des lieux s’emploie auprès de jeunes tilleuls, aidé en cela par la pépinière Saint-Martin de Cuiry-les-Iviers, affairée à confectionner les trous, grâce à la mini-pelle équipée d’une tarière.
De son côté, Jenny Thomas, technicienne à l’atelier agriculture Avesnois-Thiérache prépare les essences locales qui vont constituer la future haie. Pour ce faire, des filets de protection sont installés autour des frêles troncs en vue d’une protection contre les lapins et autres rongeurs friands des jeunes écorces. Parmi les 180 arbustes « bons pour le service » : charmes, cornouillers, troènes, bourdaines, noisetiers, nerpruns purgatifs… Chaque année, une dizaine d’agriculteurs ou de collectivités font appel aux services de la jeune femme pour monter des dossiers et ainsi participer à des opérations de plantation de haies ou de vergers.
Particuliers, communes, collectivités, exploitants agricoles sont tous convaincus des bienfaits de cette végétation servant de brise vent, d’ombrage pour le bétail, d’abri et de garde manger pour les oiseaux, les petits mammifères et indispensable pour éviter l’érosion des sols en rupture de pente
Pour améliorer la « reprise » future des arbres, des seaux de pralin (mélange de terre, d’eau et de bouse) sont prêts à accueillir les fines et délicates racines des jeunes pousses.
Le bus scolaire venant d’arriver sur le site, Amélie Oget, l’enseignante, en descend, accompagnée par sa trentaine d’apprentis jardiniers. Malgré une météo clémente, l’opération « bottes » est de rigueur, suivie d’une pause photo du groupe de jeunes pépiniéristes.
Rappels sur les bienfaits de la future plantation sur la biodiversité, distillés par Jean-Luc Villain, les travaux pratiques sont pris en charge par Jenny Thomas, devant un auditoire attentif et conquis. « Bien tremper les racines dans le pralin, tasser la terre au pied de l’arbuste, ficher deux tuteurs dans le filet et le sol »… les jeunes novices semblent doués dans l’exercice. Parfois un coup de main salutaire d’un parent accompagnant est le bienvenu ou alors c’est la solidarité d’une cour de récréation reconstituée qui joue à plein.
Un petit malin, bientôt imité par d’autres, recueille une pierre distinctive, pour l’apposer au pied de sa fragile plantation. « Comme ça, je pourrais voir ce qu’elle devient ! ». Geste innocent, mais empreint de certitudes. Des chemins mêlés…Un enfant, un adolescent, un adulte, un arbuste, un arbre : le fil d’une vie !