Depuis quelques jours et ce, jusque fin décembre, Angélique et Orlando parcourent sans relâche le territoire sur les sentiers de randonnée, le long du Val de Serre ou de la coulée verte, sur les chemins aux abords des villages. Jour de marché, ils montrent le bout de leur nez sur la place et stationnent parfois à la sortie des écoles.
Le binôme franco-ibérique ne laisse pas indifférent à son passage. Imposant et racé, le cheval espagnol Orlando est monté chaque jour par sa garde équestre Angélique Boncourt, le tandem parcourant près de quarante kilomètres quotidiennement.
Angélique, native de Saint-Quentin, a posé ses valises il y a une douzaine d’années à Dagny-Lambercy. Assistante maternelle, elle a décidé il y a quelques mois, d’allier sa passion avec un nouveau métier : garde particulier équestre. En formation intensive au sein de l’école de gardes particuliers équestres d’Hirson, elle termine sa scolarité en effectuant un stage au sein de la Communauté de communes des Portes de la Thiérache. Celle qui côtoie les centres équestres, les écuries et les box depuis plus de trente ans n’a « rien lâché » pendant trois mois, en témoigne une chute qui lui a occasionné une double fracture aux côtes et abimé une omoplate. « C’est une formation assez physique, où le mental est prédominant », nous assure Angélique.
La scolarité impose des cours de droit répartis en plusieurs modules : voirie, bois et forêts, pêche, mais aussi des formations pratiques sur le terrain qui s’articulent sous forme de missions : sorties de concerts, plan Vigipirate, sécurité aux abords des établissements scolaires…
Un 4×4 non polluant !
Un bon relationnel avec sa monture, une confiance partagée, de la patience, mais aussi de la fermeté sont les gages d’un bon duo. « Orlando n’est pas un cheval de balade, il est là pour travailler, intervenir rapidement s’il le faut. Il a été entraîné pour garder son calme lors des tirs d’armes à feu et arrive à détecter si une personne est agressive ou non », nous précise la cavalière. Le métier de garde à cheval est en pleine expansion, en témoignent les offres d’emplois concernant la demande de binôme humain-équin pour surveiller et lutter contre les vols dans les parcs à huîtres ou les vignobles.
Le cheval n’a pas son pareil pour se mouvoir dans des endroits inaccessibles aux véhicules ou aux piétons, pour franchir des rivières ou pour s’enfoncer dans les taillis. Une liberté d’action qui porte ses fruits, puisqu’en quelques jours, Angélique a pu constater de nombreuses infractions à l’environnement. Si pour le moment, la médiation, la prévention et la discussion priment, dès son stage terminé, Angélique et sa fidèle monture iront en quête d’un employeur (particulier, commune, collectivité…). À ce stade, assermentée, elle pourra dresser des contraventions, en en référant uniquement au procureur de la République.
Cannettes de bière en verre, gobelets en plastique, pneus, gaines électriques, morceaux de pare-chocs, des détritus divers et variés, des décharges sauvages, souvent dissimulés de la vue des promeneurs parsèment les abords des chemins de randonnée. À noter également, la présence de certains quads ou motos, ignorant la réglementation et en infraction en utilisant ces voies pédestres. D’autres rencontres, plus belles celles là, ponctuent les journées d’Angélique : « la côte sympathie du cheval y est pour beaucoup, les marcheurs sont assez curieux de me voir avec Orlando. Ils me posent des questions sur ma fonction ou me signalent, l’endroit où un arbre est tombé sur la chaussée ou si une passerelle a subi des actes de vandalisme. Je dresse alors un relevé d’informations et s’il le faut je prends des photos des dégâts ou d’un flagrant délit… dans ce cas, il peut y avoir des poursuites.»
Quoi qu’il en soit, si vous croisez ce couple, n’hésitez pas à lui faire bon accueil… Orlando n’a pas son pareil pour solliciter les caresses !